Objets rompus

 

Quand la rupture est annoncée, il faut faire face à la douleur d’un départ.

Ce dernier implique pour chacune des personnes, une gestion d’un poids psychologique intensément douloureux.

Un deuil à mettre en place.

Ce départ, physique et moral, est aussi matériel et demande un effort pour restituer les biens, objets que chacun a laissé derrière soi.

Cette série photographique de dix images met en lumière ces petits objets témoignant d’une vie partagée, ou de souvenirs que l’on veut garder de l’autre.

Que l’on soit quitté ou que l’on quitte, beaucoup d’entre nous conserve au fond de son tiroir ou d’un placard, un dernier souvenir matériel de l’être (anciennement) aimé.

Un je-ne-sais-quoi qui nous empêche de nous séparer de cet objet qui représente un vestige de l’histoire d’amour.

Cet objet que l’on oublie après plusieurs mois ou années, mais que l’on se plaît à revoir quelques fois ou dont on ne peut viscéralement pas se séparer.

Cette série photographique est composée d’objets individuels présentant un souvenir d’une ancienne histoire d’amour.

Chaque objet est choisi pour son contexte et sa résonance pour la personne quittée ou quittant, qui souhaite partager un morceau de son vécu amoureux révolu.

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« J’ai fait faire cette bague par un artisan. Je l’ai financé avec un petit salaire d’apprenti pâtissier, dans le but de demander en fiançailles la jeune femme avec qui j’étais. Malheureusement, je n’ai jamais pu la lui offrir car elle est partie avec un autre quelques jours avant que l’on puisse se revoir. »

-V.

« C'est en 2013 que j'ai rencontré A., une période pleine de vulnérabilités pour moi qui allais perdre ma mère quelques mois plus tard. A. est donc tombée à point nommé pour être autant un soutien qu'un échappatoire face à la tristesse mais un hic s'est vite manifesté : elle était en couple monogame avec une autre personne vivant à 350km.

Pendant plus d'un an et demi nous avons flirté, partagé une intimité, avouant rapidement mes sentiments pour elle.

La situation a fini par se dégrader rapidement, j'ai pris de la distance face à cet amour qui semblait à sens unique mêlé à la sensation désagréable d'être un amant non-assumé.

Jusqu'à ce sachet de thé, offert une semaine avant son départ au Japon, au nom discret mais évocateur qui n'aura fait qu'achever un simulacre de relation. »

V.

« Nous avons décidé qu’il garderait le chat que nous avions adopté ensemble, au bout de trois ans de relation. J’ai souhaité garder le premier collier que nous lui avions acheté étant encore un chaton. »

I.

« C'est une envie qui m'est venue, comme ça, une espèce de coup de folie....

 Un coup de folie, ça peut tomber sur tout le monde...

 Voilà la vérité. »

P.

« 5 décembre 1984, sortie du film Les gremlins. 

1 mois que nous sommes ensemble. 

Premier cinéma, cadeau pour lui, le gentil Gizmo.

21 ans de vie ensemble.

7 ans de vie parallèle.

Il est partie pour elle.

Mais Gizmo est resté avec moi. »

M.

« Une force s'est révélée en moi après avoir sombré une première fois. 

Ce qui fut un moyen de protection est maintenant dépourvu d'émotion. 

D'un coup d'un seul, les souvenirs les plus mauvais sont désormais loin derrière moi.

Seules restent les leçons tirées que je garde précieusement comme une petite voix. »

S.

« Elle buvait du café, moi je n’en buvais pas.

Après qu’elle ait déménagé ses affaires de mon appartement, j’ai retrouvé quelques semaines plus tard cette casserole qu’elle utilisait quotidiennement. 

J’ai décidé de ne pas lui faire part de ma trouvaille et de la garder pour moi. 

Il m’arrive aujourd’hui de boire du café. 

Et je ne le réchauffe que dans sa casserole. »

J.

« Elle et moi avons passé une soirée dans Bordeaux.

Après de nombreux verres, nous avons décidé de rentrer en Vcub aux alentours de quatre heures du matin.

Suite à de nombreuses stations sans pouvoir trouver notre bonheur, elle a découvert cette peluche dont elle est tombée amoureuse.

Nous sommes finalement rentrés à vélo et avec un nouveau compagnon de route. »

C.

« Un mois après qu’il m’ait quittée, j’ai reçu cette lettre en mains propres dans laquelle il s’excusait de m’avoir fait du mal. Je lui ai pardonné. 

Nous avons vécu notre histoire quelques mois durant, avant qu’il ne me quitte à nouveau. »

A.

« J’ai longtemps gardé un échantillon de son parfum, pour le sentir de temps à autre, les jours où elle me manquait viscéralement.

Plus le temps à passé plus le parfum vieillissait et plus je guérissais de notre rupture. 

Je le garde toujours pour me souvenir que le parfum qu’il contient sent terriblement mauvais et que par conséquent je vais pour le mieux. »

F.

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